Un atelier de médiation sensorielle permet d’élargir son champ d’expérience de façon à appréhender différemment son environnement, de faciliter la communication avec l’autre, et de réactiver la mémoire par un stimulus sensoriel.
En PNL (Programmation Neuro Linguistique) on dit que la carte n’est pas le territoire. Cette notion correspond au fait que nous percevons le monde (le territoire) à travers nos 5 sens. Nous nous en faisons une représentation interne (la carte) qui n’est pas exactement la réalité. Chacun d’entre nous possède donc sa propre carte du monde.
Les sens permettent à l’individu d’interagir avec son environnement. Notre référentiel sensoriel (olfactif, auditif, tactile, somesthésique, visuel) a besoins de stimulations, d’exploration de perception, de manipulations, de contacts sociaux et de cohérence cognitive, comme besoins fondamentaux. En limitant l’utilisation de nos sens, nous appauvrissons notre référentiel sensoriel, ce qui restreint notre perception du monde extérieur et de notre propre monde intérieur.
La démarche de ces ateliers de stimulations sensorielles est fondée sur le besoin que nous avons d’évoluer en édifiant un corps, une présence corporelle qui garantit notre territorialité. Ils permettent donc de soutenir la construction de notre schéma corporel.
Grâce à une stimulation corporelle, le participant s’implique activement, il sollicite son potentiel sensoriel tout en favorisant sa mobilisation psychique. Il ne s’agit pas d’effectuer une performance intellectuelle ou artistique mais de réactiver des sensations connues qui permettront la libération de souvenirs ou de sensations enfouis.
La perception de notre corps est un empilement de plusieurs données sensitives. Nous devons utiliser tous nos sens pour en décrire la forme, l’odeur, la taille et la texture et, les informations sensitives sont recueillies de façon indépendante. Notre appareil sensoriel nécessite un entrainement, un apprentissage et une réflexion afin de coordonner les influx de nos sens et de les analyser. L'être humain a besoin de développer sa capacité à poser son attention sur ses sensations et sa capacité à affiner ses perceptions.
Comme David Le Breton le souligne, « ce n’est pas le réel que les hommes perçoivent mais déjà un monde de significations et d’interprétations. ». C’est pourquoi nous possédons notre propre représentation de notre corps.
« Le schéma corporel est une sorte de tapisserie dont le canevas est notre héritage génétique, les points sont les expériences acquises, et les couleurs l’interaction des émotions. On ne peut le décrire facilement, puisqu’il est subjectif… » (1)
Le corps est une réalité que chacun doit vivre consciemment. La perception imagée et ressentie de notre propre corps doit être considérée comme une réalité vécue.
«Comme tout ce qui entre dans l’entendement humain y vient par les sens, la première raison de l’homme est une raison sensitive ; c’est elle qui sert de base à la raison intellectuelle : nos premiers maîtres de philosophie sont nos pieds, nos mains, nos yeux. » (2)
Nous captons continuellement des informations par l’entremise de nos sens. Ces informations s’appellent des « stimuli sensoriels ». Nos nerfs acheminent ces stimuli au cerveau qui va alors les interpréter et créer un référentiel sensoriel. Ce processus concerne tous les sens : la vision, le toucher, le goût, l’odorat et l’audition, mais également : la proprioception et le système vestibulaire. Nos sens sont les outils de communication dont nous disposons nous permettant de nous situer dans notre corps et dans notre environnement. L'appareil sensoriel est l'interface entre soi et le monde.
Mais « les sens ne sont pas « fenêtres » sur le monde, « miroirs » offerts à l’enregistrement des choses en toute indifférence aux cultures ou aux sensibilités, ce sont des filtres qui retiennent dans leur tamis ce que l’individu a appris à y mettre ou ce qu’il cherche justement à identifier en mobilisant ses ressources » (3).
Notre capacité à explorer le monde n’est pas spontanée. Cela demande un entraînement, un apprentissage spécifiques qui modifient ou affinent nos perceptions. Nos représentations ne sont jamais figées mais toujours ouvertes sur l’expérience.
Le toucher a une place particulière dans son utilité à percevoir « la réalité » du corps. En effet, quand il s'agit d'explorer le monde, rien ne vaut notre sens du toucher.
La main sensitive est un organe d'investigation de la réalité incomparable et irremplaçable; en cela, elle diffère des autres organes des sens qui captent des courants d'ondes émis à distance.
« Le monde des odeurs, des formes, des couleurs, des sons, est purement subjectif ; il est de simple apparence. La main va à la rencontre de la sensation et prend un contact direct avec les êtres, les éléments et les objets. La main se heurte à la résistance du monde réel. Toucher quelque chose est la meilleure façon d'être sûr de son existence. La vue découvre l'objet mais elle l'effleure ; la main le saisit et fournit l'évidence ; prendre est déjà comprendre.» (4)
L’importance du toucher dans le développement du nourrisson est notamment appuyée par la notion du « Moi peau », que l’on peut comprendre comme une des premières sources d’identification de l’enfant, lequel peut « se représenter lui-même comme Moi contenant les contenus psychiques, à partir de la surface du corps » (5).
Etre touché joue un rôle fondamental dans le sentiment d’appartenance de notre corps et souligne le caractère central de la prise de conscience que nous avons de celui-ci (6).
La main offre la singularité par rapport aux autres organes des sens de réunir dans un même organe les pouvoirs d'information et d'exécution : elle est un merveilleux appareil de perception sensorielle fine et de préhension solide et délicate.
Pour Aristote elle est « l'instrument des instruments ». Mais elle est aussi le siège de la sensibilité superficielle et de ses modalités tactile, thermique, algique.
Paul Valéry en a fait l'éloge dans son « Discours aux chirurgiens » : « Je me suis parfois étonné qu'il n'existât pas un " Traité de la main ", une étude approfondie des virtualités innombrables de cette machine prodigieuse qui assemble la sensibilité la plus nuancée aux forces les plus déliées. Mais ce serait une étude sans bornes. La main attache à nos instincts, procure à nos besoins, offre à nos idées, une collection d'instruments et de moyens indénombrables. Comment trouver une formule pour cet appareil qui tour à tour frappe et bénit, reçoit et donne, alimente, prête serment, bat la mesure, lit chez l'aveugle, parle pour le muet, se tend vers l'ami, se dresse contre l'adversaire, et qui se fait marteau, tenaille, alphabet... ? Que sais-je ? Ce désordre presque lyrique suffit. Successivement instrumentale, symbolique, oratoire, calculatrice agent universel, ne pourrait-on la qualifier d'organe du possible, comme elle est d'autre part l'organe de la certitude positive ? »
La main va à la rencontre de la sensation et prend un contact direct avec les êtres, les éléments et les objets ; en cela, elle diffère des autres organes des sens qui captent des courants d'ondes émis à distance grâce aux cellules hautement spécialisées de la muqueuse nasale, de la rétine, de la cochlée.
« La main sensitive est un organe d'investigation de la réalité incomparable et irremplaçable. L'information tactile donne à la préhension sa précision et inversement la palpation renforce la sensibilité. La main glisse, frôle, caresse, soufflette, effleure, touche tâte, presse, comprime, pousse, manipule, soupèse, compte... » (7).
« Tout bonheur que la main n’atteint pas n’est qu’un rêve », disait le poète français du XIXème Joséphin Soulary. Quand il s'agit d'explorer le monde, rien ne vaut notre sens du toucher. Dès la 4e semaine de la vie de l'embryon, les organes des sens commencent à se différencier. Le premier sens, c'est le toucher : le sens tactile répond au contact, à la température, à la pression, au poids et à la vibration.
C'est d'ailleurs ce qui occupe un bébé à longueur de journée : il "touche à tout" ! Ce que nous touchons nous assure que nous ne rêvons pas. Par le toucher beaucoup d’émotions surgissent : ne dit-on pas d'une chose ou d'un être qu'il nous "touche" ? C'est dire combien le contact physique - le tact - nous informe de façon sensible sur ce que nous touchons.
La main participe activement à l’activité cognitive. Elle stimule notre tête en la grattant pour trouver une solution, elle caresse notre front pour retrouver une information, elle obstrue la bouche pour nous protéger de la peur, ou pour nous empêcher de parler…
En cela, elle est un outil de communication fabuleux, à la fois de communication avec l’autre pour véhiculer des informations, mais également avec soi-même pour extérioriser nos émotions. La main exprime notre état de pensée, et vient confirmer ou contredire nos paroles.
« Une personne est un tout. Elle n’utilisera pas une main, elle est la main qu’elle utilise »(8) .
La matière terre, support d’une médiation sensorielle, peut servir de prétexte à communiquer avec soi-même.
La terre en tant que medium est une pâte à modeler. Le Petit Larousse (1997) définit le mot « pâte » par une « préparation de composition variable, de consistance intermédiaire entre le liquide et le solide, et destinée à des usages divers ». Cette définition vague a tout de même l’intérêt de ses qualités d’intermédiaire, de transformation d’un état à un autre, tout en restant pareil et différent. De par sa consistance, la pâte à modeler permet alors de prendre la forme qu’on souhaite, consciemment ou non, et la faire évoluer. Le participant peut donc se reconnaître en elle à travers les aléas de son parcours, les progressions, les moments de régression et les changements de direction.
« La terre, matière à toucher et malaxer, à mettre en forme, se prête à tout, se plie aux désirs conscients et inconscients avec une fidélité absolue. Toucher la terre, la lisser, la caresser, la mouiller, la pétrir, la triturer, la mettre en miettes, la coller, la mettre en boule... A bras le corps elle est malmenée, tapée, jetée. Obéissante, elle accepte cette violence pulsionnelle, cette rage par une résistance inattendue de sa mollesse ». (9)
G. Bachelard (1948) écrit, à travers ses ouvrages sur la matière terre, tout le bien et le mal de la fange, de la boue, d’une terre molle et noire. C’est un mélange de tout ce qui est abandonné, un mélange de la tiédeur et de l’humidité, de tout ce qui a eu forme et a pourri dans cet état triste et fade en apparence.
Pour paraphraser René Roussillon : la pâte à modeler est la matière idéale pour la création d’un « objet pour symboliser » ou d'un objet qui « symbolise la symbolisation ». Effectivement la pâte à modeler possède cinq propriétés majeures qui en font un médium malléable de premier ordre : elle est indestructible, d’une extrême sensibilité, permet une infini transformation, possède une inconditionnelle disponibilité, et, grâce à ses propriétés perceptivomotrices, elle peut rendre perceptible l'activité motrice.
La terre glaise est une matière vivante et symbolique à part entière, idéale pour faire ses premiers pas sur la voie de la symbolisation grâce à un outil transformable à l’infini. Les qualités sensorielles de la terre la prédisposent à nous servir de Moi-accessoire pour figurer et mettre en scène des vécus corporels archaïques.
La glaise ou l’argile, pâte à modelage, représente à la fois la continuité et la transformation. Ainsi la matière terre utilisée comme médium permet au participant d’exprimer ses angoisses corporelles, mieux qu’il ne le ferait par le dessin ou par les mots qui lui font souvent défaut, permettant un accès privilégié à ses peurs et à sa souffrance.
Toucher la glaise nous invite à régresser vers notre propre sensorialité, sensorialité tactile tout particulièrement qui est en lien avec l’érotique maternelle : caresser, lisser, mouiller… Dans l’interprétation des rêves, Freud associe la matière à la terre, la « prima matéria » à la mère. La glaise réveille les plaisirs infantiles auto-sensuels ainsi que des ressentis corporels en lien avec notre première relation au monde. La matière terre est à la fois du côté du féminin (matériau mou, chaleur) et du masculin (matière dure une fois sèche). Du côté masculin il s’agirait de sensations de dureté du corps, de solidité, de sec et de piquant... Du côté féminin, il s’agirait des parties molles et moelleuses du corps, de la douceur, du mouillé, du creux.
Le but d’une médiation sensorielle avec de la terre n’est pas de conserver une représentation-chose, mais de découvrir, à travers le modelage et le remodelage, une nouvelle carte de représentation de notre monde à l’instant de sa réalisation. Vient ensuite le temps par le séchage qui transforme la matière, où l’éclatement ou la casse peuvent encore survenir.
Le langage verbal n’est pas la seule voie pour s’exprimer, nous nous exprimons avant tout par la voie sensorielle et le corps qui s’impliquent dans le mouvement pour modeler un précurseurs de la symbolisation. Sans prononcer une parole, le participant s’exprime à travers le modelage qui devient ici comme un langage corporel permettant peut-être d’accéder à ses sensations trop souvent cachées.
C’est de ce lien entre le mouvement corporel et le modelage d’une « sensation-forme » que va surgir « quelque chose de psychique » qui va être intéressant. Le modelage de la terre renvoi à des instincts archaïque et permet le rétablissement d'une communication enfoui entre soi et soi, mais aussi entre soi et l'extérieur.
En effet, la construction psychique de l’être humain reflète la transformation des sensations corporelles en expérience psychique et en pensée. En utilisant un langage para-verbal qu’est le langage du corps et des sensations, les productions plastiques seraient un reflet de notre image du corps comme des « traces modelées ».
Les sensations corporelles issues de l’activité du modelage peuvent aider le participant à se sentir exister, à regrouper les sensations éparpillées et non localisées. L’expérience sensorielle produit alors une émotion primaire surgie du corps en mouvement, qui elle-même va réactiver un souvenir. C’est notre mémoire à long terme, stimulée par nos sensations, qui va réactiver l'association temporelle et spatiale au sein des voies synaptiques de traces mémorisées liées à un signal significatif d’une situation, et donc provoquer un réflexe conditionné du type « pavlovien » (10). Le modelage permet de dynamiser le processus émotionnel, et une large palette d'affect et d'émotion peuvent s’exprimer allant de la joie, à la colère, au dégoût, à la curiosité, à la rage…
Le corps et son système sensoriel conditionnent l’émergence des représentations.
Le modelage permet de mettre en formes, en images, puis en mots notre sensorialité. Les formes de la « sensation-forme » (modelée) sont des éléments constituant la matrice de l’activité de symbolisation, en lien avec le corporel.
S Kraus explique qu’en introduisant un médium malléable dans le cadre d’un dispositif thérapeutique après d’un enfant autiste et en utilisant sa créativité, celui-ci va pouvoir y projeter ses angoisses et son vécu psychique, le modelage servirait alors d’étayage pour la construction du soi chez des enfants. (11)
G Pankow a montré que le modelage permettait de réactiver des expériences sensori-affectivo-motrices, expériences qui n’ont pas pu être transformées en images ou en mots, en d’autres termes qui n’ont jamais pu être symbolisées. (12)
« Les productions individuelles portent la trace de ce à quoi le sujet a été historiquement confronté, c’est-à-dire la trace de la réalité subjective de lien de l’enfant à ses objets primordiaux et du mode de présence de ces objets. » (13)
Mettre en forme des « résidus sensoriels », même s’il s’agit d’une mise en forme très limitée du fonctionnement corporel, est une tentative de se réapproprier nos sensations ou de formaliser la carte de notre corps avec des zones corporelles manquantes, cachées, déséquilibrées, fractionnées ou abimées et ainsi d’exprimer des vécus chaotiques angoissants. Le modelage devient une projection extérieure de l’image du corps.
La gestuelle du modelage permet littéralement de « se prendre en main ». Elle aide à la prise de conscience de ses propres limites, de sa souplesse, sa dureté, sa fragilité. Si on s'appuie sur le concept du « moi peau », le moi se constitue à partir du moi corporel, et le modelage de la terre entraîne une sorte de corps à corps entre le participant et la matière, permettant de reprendre conscience des limites entre le dedans et le dehors.
Malaxer, déchirer, gratter, taper, appuyer, sentir, ressentir, émietter, écraser, triturer, lisser, façonner, guider, écouter, permet la mise en scène de tout un jeu de construction et de destruction pour pouvoir trouver-créer des formes à soi. Le faire-défaire-refaire peut aider à créer une permanence et une continuité corporelle dans le but de se rassembler. La personne peut alors créer des formes apaisantes car son modelage trouve un écho en lui. Même si la forme n’est pas réjouissante, l’apaisement se produit à cause de l’accord entre les différents niveaux de l’expérience, corporel, affectif et cognitif.
Les excitations tactiles, plus particulièrement, permettent de développer la proprioception ainsi que la sensibilité musculaire et articulaire. En stimulant le système sensoriel, le modelage participe à une prise de conscience de notre schéma corporel. Il amène à une meilleure compréhension de nous-même, et de notre environnement immédiat. Il stimule nos fonctions cognitives et car, contrairement à la peinture et au dessin, il s'inscrit dans un plan en 3 dimensions et donc renvoie des questionnements autour des notions de forme de perspectives, d' équilibre, d'harmonie.
La médiation sensorielle par la terre permet une résurgence des expériences qui ont été vécues dans le corps mais pas sur le plan psychique (non symbolisées), et qui s’expriment à travers la sensorialité. La manipulation du médium malléable réactive des vécus psychocorporels à travers les sensations qu’il procure.
Il peut en cela permettre l’expression des angoisses corporelles et de certains aspects de la dynamique comportementale, de l'image du corps et des processus de symbolisation : Quelles ont été mes ressentis pendant le modelage ? Qu’est-ce que je me suis dit ? Quelles ont été mes ressentis quand j’ai découvert mon modelage finit ? Comment je projette l’image de moi au dehors ? A quoi ressemble mon empreinte ? Quelle est ma place dans ma carte du monde ? Quelles sont mes limites ? Quelle est ma structure ? Sur quoi repose mon équilibre ? Où sont situées mes tensions, mes crispations, mes souffrances ? Comment mon énergie et ma joie s’expriment-elles ?
L'expression verbale après la séance, est centrée à la fois sur le ressenti pendant le modelage ainsi que sur l’objet créé. L’animateur a alors pour rôle d’agir comme un catalyseur facilitant l’émergence des perceptions non conscientisées. Toutes ses questions ont pour objet l’observation factuelle de l’état du participant et de l’objet modelé:
Ici les questions ont un but d’investigation, et n’attendent pas de réponses immédiates. Elles vont permettre au participant de faire état des détails de son modelage tels qu’il les a perçoit, et de s’intéresser au « quoi » et au « comment », c’est à dire à l’ensemble des faits qui l’ont conduit à modeler ces détails inconsciemment.
La symbolisation secondaire est un processus par lequel la représentation de choses est transformée en représentation de mot, autrement dit, lorsqu’elle est traduite dans l’appareil à langage verbal. Mettre en mots une expérience permet de lui donner du sens et de la rendre plus concrète.
L’objet peut devenir un miroir introspectif pour la personne qui l’a créé. La personne peut s’y reconnaitre ou y reconnaitre un proche, ou peut faire ressurgir un souvenir. Il peut permettre à la personne de faire des liens entre objet et histoire personnelle.
Pour aider à créer ces liens et élargir la vision du participant, l’animateur peut avoir recours à des métaphores, qui permettent de ne pas rester dans l'expérience du participant mais dans celle de quelqu'un d'autre, réelle ou fictive. Ce dernier ne se sent ainsi pas directement impliqué, mais peut s’identifier à la situation métaphorique.
Toutefois seul le créateur peut émettre des interprétations. Une interprétation issue de l’extérieur, même juste, peut-être ressentie comme une intrusion et une violence, ou donner l’illusion que le savoir sur soi-même est détenu par un autre que soi. Le participant est capable de trouver SA solution, de « s’actualiser » ; de « s’autoréguler »(14) .
L’objet permet de DIRE et de NE PAS DIRE, il laisse des libertés.
L’intension de l’animateur est d’éveiller la curiosité du participant, ce qui va l’aider à dépasser ses frontières internes et l’encourager à libérer sa parole. Le questionnement suppose d’écouter en créant un espace serein pour que le participant soit capable de penser et trouver ses propres réponses. Les suggestions doivent être offertes comme un stimuli, pas comme « la réponse ».
Il s’agit ici d’utiliser le principe de non-directivité de Rogers et de « laisser à l'autre (le patient, l'interlocuteur, l'élève, le participant...) la liberté de s'exprimer et de choisir par lui-même le cours de son expression »(15) . Le rôle de l’animateur consiste à laisser au groupe le maximum d’initiatives, en ayant une écoute active et une attitude de coopération. L’animateur procède par questionnements successifs et reformule fidèlement avec les mêmes mots, ce qui permet au participant de se sentir écouté. Il prend de la distance, réduit le plus possible ses interventions, évite les généralisations et les distorsions et ainsi n’interprète pas les propos des participants en renvoyant sur le groupe sa propre affectivité. (16)